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DE LA VILLE DE PARIS.
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L'Aquitanique, la Belgique et la Celtique, portant ses cheveulx espars sur ses espaulles, et monstrant ung regard tant veneiable entremeslé de doulceur gracieuse, que tout le monde en estoit resjouy. Elle tenoit en ses deux m.tins des fruictz et fleurs de mainte sorte, estans de sa production, pour de-monstrer l'heureuse ferlilité qui luy est octroyée par le souverain Createur, telle et si grande que toutes les nations prochaines et loingtaines le pevent assez tesmongner, par quoy n'en est autre chose dict. Son acoustrement este it d'un drap d'or azuré, tant bien séant à sa facture que rien myeulx, et soubz ses piedz, reposans dessus une grosse poincte, dc dyamant, estoit escrip; en lectre noire sur le blanc :
Telle estoit la premiere face de cest arc, excepté que l'entredeux des conlonnes estoit garny des ar­moiries du Roy et de la Royne, mises en chappeaulx de triumphe, et sur les tympans, entre la circonfé­rence du berceau et le plalfons de l'architrave, voi-letoyentparsemblant deuxVictoires d'or, tenantes en leurs mains droictes chascun sa couronne de laurier, et aux gaulches ung rameau de palme. Puis dedens les piedestalz y avoit deux tableaulx at l'antique pour la dédicace de l'arc, adressant àla Gaule Pertillé, en l'un desquelz estoit escript en lectre d'or sur ung fons noir :
MATRI PliE
et cn l'autre :
PoPULORUJI OMNIUM ALUMN.E S. D.
Le reste des piles estoit d y aprè de pierre de myx-ture tant bien faincte du naturel que l'œuvre s'en monstroit admirable.
Voilà en somme quelle estoit la premiere face de cest arc; mais avant que passer à l'autre, fault en­tendre que le fons du berceau fut paré dun com partiment de moresque et grosses rosaces d'or, avec les devises et chiffres du Roy, les parquetz separez de festons de lyerre qui donnoyent un grant esgaye-ment à toute la besongné. Dedens les flânez y avoit deux quarrez de plastre paincture, veritablement faicte de mainde maistre, en l'un desquelz se veoyt la representaciondu fleuve Seine, portant couronne de laurier, et non certes à tort, au moings si l'on veult juger sans aflectacion, consideré que ses enffans ont esté, sont et peuvent estre aussi bien triumpha-teurs que les Romains et autres peuples precedens, et n'a tenu sinon à ceulx qui debvoient escripre, les­quelz vivoyent du temps de noz ancestres, que leurs gestes dignes de l'immortalité ne soyent parvenuz jusques à nous; et si cela feust succeddé par avanture, n'aurions nous occasion d'admirer les faictz des es-trangiers, ains verrions que si noz Gaulois ne les surpassent, ilz pour le moings les peuvent egaller. Mais soit icy modestie gardée, pour revenir à nostre fleuve. Lequel estoit demy levé demy cousché sur des rozeaulx aquatiques, et tenoit en l'une de ses mains ung avyron pour monstrer qu'il est navigable, et de l'autre s'accoudoit sur une hydrie, dont sortoit de l'eaue en habondance, telle qu'il s'en faisoit une grosse riviere, sur les bords et terrouers de laquelle
TALIA FERTILIS.
Mais affin de ne reidre la chose trop prolixe en petites particuliaritez, en'sera laissé la narration, pour attaindre le demourant de ceste face d'arc, et dire, suyvant le discours que dessus, le retour des cornices. Y avoit deux petitz enffans nudz represen­tans le marbre, couichez et accoudez de bonne grace sur deux cornes d'abondance, pareillement remplies de tous fruiulaiges, voulans denotter que la Gaule est mere commune à tous peuples. Entre ces deux figures se rehivoitun sodé en lieu de fron­tispice, dedens lequel estoit escript en lectre d'or sur foné d'azur :
Terra antiqua, potiins armis atque ubf.re gleb*, Terna'') tibi poiulos Gallia mater alo.
Sur ce sodé estoyent formez deux anges, pour le moings de dix piedz en haulteur, mais revenans quasi en proportion naturelle devant les rayons de la veue qui defaillent en montant. De leurs mains droictes ilz tenoyent ung escu de France au fons d'azur à 1rois fleurs do iiz d'or, taillées de relief et rapportées en vraye equidistance triangulaire, bru-nyes et resplendissant!is à merveilles contre le soleil. Cest escu estoit environné et enrichy d'un colier de l'ordre Sainct Michel à doubles coquilles, qui lui don-noyent ung singulièrement beau lustre; les gaulches de ces deux anges, amont eslevées, portoyent une couronne impérialle p sur vray tymbre de cest escu, en Signifiance que le Roy des François ne recon­gnoist aucun superieur en terre, ains est monarque en son pays, qui ne tient sinon de Dieu et de l'espée.
O Le registre des délibérations porte ten-a et le registre de comptes (erna. Cette dernière leçon parait préférable, l'inscription se rapportant ainsi à la représentation d'une Gaule couronnée de trois tours, ou divisée en trois provinces, suivant la description qui précède.